« Érudition et voyages par l′esprit »

Mai 1937, à quelques jours du couronnement de Georges VI, les très holmésiens détectives Singleton et Trelawney doivent retrouver un cadavre traité de façon à conserver l’apparence de la vie, dérobé dans la cave d’embaumeurs pratiquant un art de la momification très élaboré. Mais voilà que la presse révèle le portrait de l’assassin d’un avocat et politicien en pleine ascension, qui n’est autre que le mort en question. L’enquête esquissée dans les fumeries d’opium et les milieux du cinéma se dirige insensiblement vers les milieux occultes, où se mêlent de grandes figures littéraires, dont Arthur Machen et le poète Yeats. Singleton, passionné d’occultisme, est séduit par un Aleister Crowley qui se propose, entre autres, à l’initier à la décorporation et au voyage astral. L’intrigue, tortueuse et énigmatique, est rendue d’autant plus enivrante par les minutieuses reconstitutions des bas-fonds de Londres et des milieux huppés de la haute société. L’érudition de l’auteur s’applique à tous les détails du récit, truffé de clins d’œil que les connaisseurs s’amuseront à relever, égarant le lecteur dans de multiples spéculations pour l’entraîner dans une aventure échevelée, à la recherche d’un peintre à la carrière brisée, d’une momie meurtrière, d’un grand nom de l’ésotérisme, ou tout simplement à la recherche de ces frissons que procuraient jadis la lecture des premiers maîtres du mystère, qu’il incarne ici à la perfection. Un régal.

Par Claude Ecken, L’Écran fantastique, n° 329 de mars 2012