1968
Naissance du petit Fabrice à Libourne, en Gironde, bien que sa famille demeure à quarante-deux kilomètres, à Montpon-Ménestérol, dans le département de la Dordogne. De là sans doute un goût du voyage au « court cours » et un esprit d’aventure tout en retenue dont, plus tard, l’adolescent comme l’adulte ne se départiront jamais.
1972
Le garçonnet quitte le sud-ouest de la France pour rejoindre la Seine-Saint-Denis, en région parisienne, où son père vient d’être muté après son intronisation à la SNCF comme conducteur de trains. Cela représente un périple d’un peu plus de six cent dix-sept kilomètres. Aussitôt, Fabrice découvre son nouveau cadre de vie, fait d’immeubles en barres et de terrains vagues où les ballons de football ont du mal à rebondir.
1973
Durant les vacances d’été, il visite avec sa mère et sa grand-mère paternelle toutes les boutiques de tissus de Libourne dans le but de se confectionner sur mesure un short de Tarzan. Après plusieurs heures d’une quête harassante, ne parvenant pas à dénicher l’étoffe à motif léopard dont il rêve, il accepte finalement de se rabattre sur un rectangle de feutrine en poils de chèvre qu’il conservera durant des années. Déjà un sens aigu de la mode vestimentaire masculine.
1974
L’enfant intègre l’école primaire Anatole-France à Épinay-sur-Seine, où il se lie d’amitié avec un platane qui le lui rend bien.
1976
Cette année-là, il se trouve dans la même classe que M***, le fils de l’institutrice. Celui-ci a la particularité de dévorer un roman par jour, qu’il place bien en vue, chaque matin, sur le coin droit de son pupitre. De la série des Fantômette au Club des Cinq et aux Six Compagnons, les couvertures colorées fascinent Fabrice, son voisin de table, qui n’a encore jamais réussi à lire un roman en entier. Ayant décidé de se plonger lui aussi à corps perdu dans un livre, il jette son dévolu sur Le Clan des sept à la rescousse, commencé un samedi matin et fini six heures plus tard. Déjà l’âme d’un compétiteur.
1981
Fabrice découvre les aventures de Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle et se plonge dans Le Chien des Baskerville, dont le mélange entre policier et fantastique le laisse sous le choc. Il se fabrique dans la foulée une carte de « détective de l’étrange » pour faire bonne figure lors de l’enquête qu’il entend mener dans les caves de son immeuble où sa vieille voisine aurait entraperçu l’ombre d’un rat géant. Il prend également la ferme résolution que la lecture sera désormais sa deuxième activité principale, après celle de « limier des ténèbres ».
1983
En classe de troisième, au collège de la rue de Nancy à Épinay-sur-Seine (l’établissement a depuis été baptisé collège Jean-Vigo), il écrit sa première histoire fantastique dans le cadre d’un concours de nouvelles que l’adolescent remporte haut la main malgré ses poussées d’acné. Certes, c’est lui qui a eu l’idée du concours, et il a été le seul à participer, mais ce sont souvent les succès dérisoires qui décident d’une existence.
1985
Alors qu’il s’emploie à lutter seul et avec courage contre son toc le plus agaçant, celui dit « du loquet de fenêtre », il éprouve une émotion intense en visionnant au ciné-club du lycée Jacques-Feyder le Nosferatu de Murnau. Si intense qu’il ambitionne désormais de devenir réalisateur de films muets, oubliant que le cinéma est devenu parlant depuis cinquante-six ans.
1989
À l’université Paris-VIII de Saint-Denis, où il est inscrit en études cinématographiques, il rédige une nouvelle fantastique en guise de travail d’évaluation pour un cours d’écriture scénaristique. Dépité, le professeur lui suggère de s’inscrire plutôt en département « Littérature ». Ce sera fait l’année suivante. L’étudiant suit alors avec passion les cours de Claude Mouchard, Ludovic Janvier, Jean-Noël Vuarnet ou Jean Bellemin-Noël sur Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Baudelaire et consorts.
1992
Avec des amis étudiants de Paris-VIII, il fonde la revue L’Imbriaque qui va lui donner le virus de l’écriture et lui faire toucher à la célébrité. La revue est en effet citée dans La Quinzaine littéraire de Maurice Nadeau, et deux lignes d’un des textes du jeune auteur, qui signe ses micro-fictions sous le pseudonyme de Clément Destroit, sont reprises dans les colonnes. Tourneboulé par un pareil succès, il songe s’arrêter là et s’engager comme mousse à bord d’un baleinier. Il décide finalement de poursuivre son voyage autour de sa chambre (de bonne).
1999
Il rencontre l’écrivain Christian Congiu, qui dirige le magazine Nouvelle Donne consacré au genre de la fiction courte, et intègre l’équipe rédactionnelle. C’est le début d’une riche aventure qui durera plus de cinq années.
2004
Papa pour la seconde fois, il profite d’un congé généreusement octroyé par la collectivité pour se lancer dans l’écriture de son premier roman. Nourri des histoires de détectives à l’anglaise et des romans populaires de la fin du XIXe siècle, il rédige en quelques mois le Fantôme de Baker Street. Une fois apposé le point final, il envoie un exemplaire du manuscrit à quatre éditeurs : Albin Michel, Gallimard, Le Masque et 10/18. Quelques semaines plus tard, Emmanuelle Heurtebize, directrice littéraire des éditions 10/18, l’appelle pour lui faire part de son enthousiasme et lui proposer un contrat.
2008
Sortie du Fantôme de Baker Street chez 10/18. Le début d’une autre aventure.
