Pour imaginer mes histoires, le travail de documentation est toujours assez conséquent. À partir d’un vague sujet que je sais avoir envie d’aborder, je lis un nombre incalculable d’essais, d’ouvrages historiques, de biographies. Je fonctionne sur le mode de la rêverie. Il y a plein de faits troublants, que je note sans cesse sur des carnets, et à partir desquels mon imagination échafaude des scénarios complexes (voir ce que j’explique sur La Dernière Enquête du chevalier Dupin). Au départ, ces motifs de rêveries sont indépendants les uns des autres, et puis, à un moment, ils trouvent place dans une rêverie plus vaste, qui les englobe. C’est ainsi que l’intrigue se construit patiemment, les éléments se mettent en place, des événements historiques véridiques formant la plupart du temps l’ossature de mes scénarios. Ensuite, l’imagination fait le reste.

Pour la géographie des lieux, je travaille généralement à partir de guides touristiques d’époque. J’accroche toujours au-dessus de ma table le plan de la ville où se situe l’intrigue : par exemple, le plan pratique de Londres, extrait d’un guide Conty du début du xxe siècle. Pour Hollywood Monsters, j’ai utilisé un plan « Shell » de la Cité des Anges datant de 1938 et acheté sur un site américain de livres anciens.

Je ne me rends que très rarement sur place pour faire des repérages. De toute façon, la physionomie des lieux a souvent beaucoup changé. À Londres, le Whitechapel moderne n’a plus grand-chose à voir avec celui de Jack l’Éventreur. De même, le Paris des surréalistes est sensiblement différent de celui d’aujourd’hui. Ainsi, en lieu et place du célèbre Café de la place Blanche, que je décris longuement dans Les Portes du sommeil et où se réunissaient chaque jour André Breton et ses amis, on trouve un établissement d’une chaîne bien connue de restauration rapide. Avouez que c’est moins évocateur ! Raison pour laquelle je préfère travailler d’après les documents et les photos d’époque. Et puis, ce jeu d’exhumation des temps révolus me plaît tellement…
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