Avec ce roman, Le Serpent de feu (10-18, « Grands détectives »), Fabrice Bourland nous livre une nouvelle enquête de ses détectives de l’étrange, James Trelawney et Andrew Singleton (quatre volumes déjà parus), dans le Londres des années 1930. À nouveau, il nous entraîne dans une enquête apparemment loufoque mais qui se révèle bien plus énigmatique qu’elle ne paraît : nos jeunes détectives doivent enquêter sur le vol d’une momie, ou plus exactement d’un corps embaumé selon une technique révolutionnaire. Et ce vol, somme toute peu important, va les entraîner, et le lecteur avec eux, dans le Londres ésotérique des sociétés secrètes occultistes et des métapsychistes ainsi que dans le Londres exotérique de la veille du couronnement du nouveau roi, George VI, en 1937. Comme à son habitude, Fabrice Bourland nous livre un roman à l’intrigue serrée, basée sur ses connaissances en matière d’occultisme, de métapsychique et de roman de détective classique à la Conan Doyle : le mélange est une fois de plus fort heureux car l’auteur connaît tous les ressorts du roman populaire et du feuilleton. Le résultat est une plongée dans le temps, dans le vrai Londres que nous aimons, celui des savants excentriques et des esprits perdus, celui des fumeries d’opium toujours tenues par des Chinois inquiétants derrière leur sourire ricanant et des hôtels particuliers toujours possédés par des médecins étranges et peu préoccupés par leur clientèle, celui des bouges du bord de la Tamise et des restaurants chics, de la pauvreté la plus abjecte et de la richesse la plus insolente. L’auteur met en scène toute une galerie de personnages hauts en couleurs, dont certains figuraient déjà dans les enquêtes précédentes :les embaumeurs jumeaux et leur croque-mort, l’actrice de cinéma étoile montante – dont la meilleure amie, Cecily, habite au 19 Cheyne Walk, une voisine de Carnacki sans aucun doute –, Aleister Crowley et Franck Talbot (un autre des nombreux clins d’œil de l’auteur), l’inspecteur de police bourru et dépassé Staiton, l’érudit métapsychiste le Dr John Dryden, etc.
Tout cela nous donne un roman qui est un vrai « page turner » que je n’ai pas pu reposer une fois commencé, un grand plaisir de lecture. À lire de suite par tous les amateurs de solides enquêtes fantastiques dans un cadre historique et géographique parfaitement rendu !
Par Jean-Luc Rivera, ActuSf, janvier 2012