Tout ce qui est anormal suscite la curiosité très souvent malsaine. Il suffit de se reporter aux consultations de vidéos mettant en scène et en lumière maladies, anomalies congénitales et toute autre monstruosité pour confirmer ce voyeurisme nauséabond et ambiant. Mais il ne faut pas croire que ce fléau n’existe qu’avec l’arrivée d’internet dans les foyers. Voici campé le terrain de jeu romanesque de Fabrice Bourland, dont Hollywood Monsters vient de paraître chez 10/18 .
1938. Pour les États-Unis, la prohibition est derrière elle et le cinéma parlant est à son apogée. Hollywood dispose des plus beaux studios de cinéma et draine une faune dans laquelle Singleton et Treslaney, le duo de détectives londoniens, passent des vacances ensoleillées. Mais à la suite d’un repas bien arrosé sur les hauteurs de Los Angeles, les deux acolytes tombent nez à nez avec une créature plus proche du loup que de l’homme. Attisés par la surprise de cette rencontre, nos deux enquêteurs vont découvrir un monde nouveau et un meurtre à résoudre.
Belle plongée dans le monde du cinéma américain d’avant guerre que nous propose ici Fabrice Bourland avec cette intrigue policière à la construction classique mais dans un environnement qui l’est beaucoup moins, celui du Freak show. Cet univers de difformités n’est pas sans humanité et c’est toute la réflexion que propose l’auteur en second rideau. Fabrice Bourland nous fait connaître une histoire américaine pas très reluisante mais ne sombrant jamais dans le mélo à outrance, s’accordant même à plusieurs moments des pastilles comiques, voire cocasses.
Retranscription de la chronique « livres » d’Olivier Verstraete diffusée sur la radio lilloise RCV (99.0 FM) le vendredi 6 février 2015