Son premier roman, Le Fantôme de Baker Street, fait, bien sûr, allusion au domicile de Sherlock Holmes. En ce début des années 1930, la maison voit sa tranquillité perturbée par des phénomènes étranges. À la demande de la veuve de Conan Doyle, deux détectives amateurs entrent en piste, Andrew Singleton, l’âme volontiers poétique, et James Trelawney, les pieds fermement ancrés sur terre et l’appétit féroce. Leur enquête, partagée par des adeptes du spiritisme, les mène dans un East End aussi inquiétant et sordide qu’il pouvait l’être à l′époque victorienne, sur les traces d’un meurtrier qui semble avoir avec des héros de la littérature comme Dracula, Dorian Gray, Mr. Hyde, des liens inquiétants.
Le second volume de leurs exploits, Les Portes du sommeil, a pour cadre le Paris de l’entre-deux-guerres. Curieux d’approfondir les circonstances de la mort de Gérard de Nerval, Singleton est contacté par son ami l’inspecteur Fourier, de la Sûreté générale. Un savant qui étudiait les phénomènes du sommeil a été retrouvé mort dans son lit, le visage déformé par la peur. Et, de toute évidence, ce meurtre n’est pas unique. Même André Breton, chef des surréalistes, manque d’être victime d’un assassin fou, que le duo poursuivra jusqu’à un château isolé sur les rives du Danube.
Bourland ne cherche ni à imiter ni à parodier ses auteurs favoris. Il a la plume alerte, le verbe coloré, simple mais élégant, le sens de l′humour et du divertissement, l’art de créer une atmosphère en quelques phrases et de se maintenir, tel un équilibriste, sur cette frontière ténue qui sépare le réel de l’imaginaire. Les aventures de Singleton et Trelawney, tout public et tout âge, se dévorent à belles dents.
Par Michel Parouty, Les Échos du 8 février 2008