« Le serpent de feu, Fabrice Bourland »

Exactement le genre d’ouvrage qui m’éclate totalement. Je m’explique : nous sommes ici en compagnie de deux détectives qui traquent, au cours de la première moitié du XXe siècle, toute sorte de poilus plus ou moins hirsutes et aux penchants destructeurs, voire carrément meurtriers. Or, les poilus en question sortent, c’est le moins que l’on puisse dire, de l’ordinaire (il existe quatre bouquins mettant en scène le duo de détectives, je n’en ai lu qu’un seul (pour l’instant), je ne peux donc m’avancer que sur celui-là (qui se trouve être le dernier en date). En effet, les voilà partis à la poursuite d’une momie. Disparue de la crypte d’embaumeurs professionnels. Lesquels embaumeurs, jumeaux comme de bien entendu, traquent de leur côté la formule absolue de conservation des corps par delà la mort. En parallèle, on trouve un couronnement royal qui embête plus qu’autre chose nos protagonistes de par les fastes de sa préparation, mais également une fumerie d’opium (comme il se doit dans ce genre d’aventure), quelques fascistes agressifs (doux pléonasme) et une rencontre avec quelques membres d’une société tout ce qu’il y a de plus secrète dont, ni plus ni moins qu’Aleister Crowley en personne (la scène en elle-même vaut son pesant de cacahouètes !). Si en plus de tout cela je vous dis que, à un moment donné, l’un des deux détectives en question se trouve séparé de son corps, que celui-ci est squatté par… j’en aurai trop dit et ce serait dommage de vous priver de ce formidable rebondissement (et de la course-poursuite zombiesque qui s’en suit). Bref, du polar fantastique bien troussé (le style est excellent et on le sent documenté), qui n’hésite pas à franchir les limites, qui ne s’en impose aucune et surtout, surtout, qui ne se prend jamais vraiment au sérieux (je ne sais pas si c’est voulu de la part de l’auteur mais durant cette lecture je n’ai pu m’empêcher d’y voir quelques affinités avec les aventures d’Adèle Blanc-Sec (la momie, sans doute)… Ce qui est un sacré compliment).

Par Matéo, Le Monde de Matéo, 7 avril 2012