Visions de cauchemar

Hollywood Monsters, réalisé par l’écrivain-metteur en scène Fabrice Bourland, auteur du Fantôme de Baker Street et de La Dernière Enquête du chevalier Dupin. Principaux interprètes : l’enquêteur Andrew Fowler Singleton, célibataire né le 28 février 1909, et son confrère James Trelawney, célibataire né le 12 avril 1909. Ce roman-film, au rythme fou, dont la signature de Bourland est une garantie d’intérêt et dont certains passages bien venus ne manquent pas de pittoresque, a été tourné en 1938, à Londres, au 46 Montague Street, demeure des susdits acteurs-enquêteurs ; puis en Californie. Le scénario, comme celui de toute bonne comédie (sombrement vaudevillesque) qui se respecte, est fertile en complications. Jugez plutôt :

Dans la douillette atmosphère de leur salon londonien, Andrew et James – nos deux détectives de l’étrange – engagent une conversation et décident de prendre un repos bien mérité aux États-Unis, suite à l’accident qui a failli coûté la vie à l’un d’entre eux. Occasion pour eux de retrouver un vieil ami de faculté, rédacteur d’un magazine de cinéma, après avoir tenté une carrière d’acteur. Alors qu’ils roulent en voiture sur une route californienne, et que la brume évoque un paysage d’épouvante d’où pourraient surgir un nouveau chien des Baskerville, le loup-garou de Friedrich Feher, ou le Dr Mabuse de Fritz Lang, une sorte de « créature fantastique, mi-homme, mi-bête, échappée tout droit d’un conte populaire » court à perdre haleine dans leur direction…

La suite est des plus extraordinaires, selon l’acception première du terme, à savoir qu’elle sort, ô combien, de notre ordinaire, puisqu’une série de meurtres inexplicables et de mésaventures invraisemblables nous mettent en présence d’individus à la fascinante étrangeté ; de spécimens, nous est-il précisé, d’une nouvelle forme d’humanité. Avons-nous à faire à des mabouls fanatisés ou des monstres se sont-ils échappés de l’écran d’un cinéma pour semer des morts sur leur passage ? Après tout, nous sommes à Hollywood, et aucune hypothèse ne peut donc être rejetée.

La réalisation est d’une technique indiscutable, l’interprétation excellente, et certaines scènes, jouées dans des décors évocateurs, sont vraiment saisissantes. En résumé, cette production, fantastique à tous les points de vue, se doit d’obtenir le plus vif succès.

Par A.-M.M., La Marseillaise du 9 février 2015